dimanche 16 décembre 2018

L'adoption et l'argent


Je viens juste de dire un gros mot, parler d'argent en France est assez malpoli... Mais je souhaitais revenir sur la notion d'argent dans l'adoption.

On entend souvent parler du "combien coûte" une adoption, et c'est à cette question que je souhaitais aujourd'hui apporter une réponse. 

Alors, concrètement, en France, une adoption nationale ne coûte rien. La prise en charge de l'enfant (de l'accouchement sous le secret à la prise en charge en pouponnière ou famille d'accueil pendant plusieurs mois) est totalement payée par la communauté, donc nos impôts. 
Je pense que le coût total ne serait pas loin de l'adoption internationale si ça n'était pas le cas, entre les frais de personnel, de fonctionnement de structure, la prise en charge médicale, ainsi que les nombreux professionnels mobilisés pour trouver des parents à cet enfant...
Mais bon, comme il s'agit d'un coût qui ne se voit pas, puisque les parents adoptants n'ont rien à débourser, j'entends encore ça et là des postulants qui sont "contre" l'idée de s'engager dans une adoption à l'internationale, "par conviction", car ils ne veulent pas "payer pour un enfant"...

En international, le coût est directement demandé aux parents adoptants. On ne parle pas de 2 ou 3000 euros, mais plutôt d'une somme comprise, suivant les pays et le nombre de voyages, entre 12000 et... 40000 euros.

Le coût est énorme, et ne permet pas à chacun d'envisager ce type de projet. Aucune aide n'est prévue en France pour accompagner les postulants, hormis, dans certains département, un prêt à taux zéro qui ne représente pas la moitié de ce qui doit être déboursé. 

Ce ne sont pas des bakchichs ; tous les frais sont déclarés à L’État Français, et surveillés de près par la Mission pour l'Adoption Internationale ; en cas d'irrégularité, l'adoption ne sera pas validée en France.

On ne paie pas l'enfant, soyez-en certains. On paie la traduction et la légalisation des documents administratifs, la taxe d'enregistrement du dossier, les bilans et soins médicaux, la taxe d'attribution de l'enfant, son passeport. On prévoit également un don à l'institution qui a pris soin de notre enfant, pour qu'il puisse prendre soin des suivants.
On paie un voyage au pied levé en avion, avec 2 billets à l'aller et 3 au retour, on paie l'hébergement et la nourriture pour 3 semaines, le taxi, les vols intérieurs pour rallier l'institution de l'enfant et la capitale, où toutes les démarches sont à faire. 
On paie notre organisme, composé essentiellement de bénévoles, qui font un boulot de dingue pour nous, ainsi qu'une partie pour le représentant au Vietnam qui porte notre projet.

Ce que nous dépensons le plus, nous, dans l'adoption, ce sont les émotions : les larmes de joie à chaque avancée, le cœur qui manque parfois un battement, les rencontres humaines, l'enrichissement d'expériences, la beauté des parcours, l'intensité des émotions, et la palpable possibilité de devenir parents...

On n'achète pas un enfant. Par contre, pour nous, être parents, ça n'a pas de prix. 


4 commentaires:

  1. Ah là là, il a la vie dure ce préjugé de "à l'international on paye pour avoir un enfant !!' !!!
    Quant aux pupilles, dont la prise en charge équivaut aux frais à régler en cas d'adoption internationale, je pense que cela est le cas pour un enfant né sous le secret (donc adopté au bout de 3 mois), mais que la somme est encore plus élevée quand l'enfant est dans le système depuis plus longtemps (des mois, des années même... voire jusqu'à ses 18 ans).
    Pour notre adoption au Vietnam, nous avons du débourser entre 10 000 et 15 000 euros pour aider notre OAA à fonctionner, faire traduire les documents, faire le voyage, s'héberger, etc... quant au don à l'orphelinat, il n'est même pas obligatoire en soi, mais c'est une question d'éthique : cet argent est nécessaire aux orphelinats. Et si on ne le donne pas, le Vietnam cessera de travailler avec la France (pas pour des raisons de chantage, mais pour des raisons logiques : ils ont vraiment BESOIN de ces dons), ce qui pénalisera les adoptants et les enfants à adopter...
    Bref, question problématique que cette question d'argent, mais une chose est sûre, quel que soit la somme à dépenser, on n'en regrette aucun centime !!!

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    1. Oui tu as raison,pour le national je parlais de pupilles de 2-3 mois... et le coût est exponentiel suivant l'âge de l'enfant!
      C'est en effet un préjugé qui a la vie dure, et est préjudiciable pour nos enfants... personne n'a envie de penser qu'il a été acheté comme un vulgaire objet !

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  2. Merci de rétablir effectivement les choses concernant ce délicat sujet!

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